Comment le changement climatique va modifier la répartition des organismes marins

Résultats scientifiques Terre & Univers

La température de l'océan joue un rôle fondamental dans la distribution géographique de la biodiversité marine. Les plages de températures favorables pour les organismes marins sont appelées « niches thermiques ». Le changement climatique induit par les émissions humaines de gaz à effet de serre modifie l'environnement thermique marin, affectant ainsi l'habitabilité de l'océan. Les connaissances actuelles suggèrent que les organismes marins, comme les poissons, vont remonter vers les hautes latitudes, à la recherche d'eaux plus froides. Mais ces conclusions s’appuient principalement sur des données observées ou modélisées de la température de surface de la mer et ne tiennent pas compte de la température plus en profondeur. Une nouvelle étude, réalisée par deux chercheurs toulousains du Centre national de recherches météorologiques1 et publiée dans la revue Nature Climate Change, a cherché à combler cette lacune en examinant la structure verticale des niches thermique de la surface de la mer jusqu’à 1000 m de profondeur.

CNRM
Changement des limites des niches thermiques simulées pour la fin de siècle (2080-2100) dans un scénario de fortes émissions de gaz à effet de serre par rapport à leurs caractéristiques actuelles, pour plusieurs zones océaniques mondiales. Les panneaux à droite de chaque profil quantifient la nouveauté climatique, c’est-à-dire à quel point la niche thermique à une profondeur donnée sera transformée à cause du changement climatique.

© CNRM

Les scientifiques ont travaillé sur six stations océaniques de long terme du réseau Ocean Sites, réparties à la surface du globe et qui fournissent des mesures quasi-journalières depuis plus de dix ans. Grâce à des simulations de modèles, les auteurs ont pu estimer les horizons temporels à partir desquels le changement climatique va induire des bouleversements substantiels dans les niches thermiques. Selon leurs conclusions, ces changements auront lieu en dessous de 50 m de profondeur dès les prochaines décennies si les émissions anthropiques restent élevées, mais sont retardés de plusieurs décennies si les émissions sont réduites. De plus, en fin de siècle, les impacts du changement climatique sur l’océan pourraient exposer les écosystèmes pélagiques à des niches thermiques jamais connues auparavant, alors que les écosystèmes de surface pourraient encourir des changements d'une moindre ampleur compte tenu de leur capacité à supporter de plus grandes variations de température.

  • 1CNRM - CNRS / Météo-France

Bibliographie

Yeray Santana-Falcón and Roland Séférian, Climate change impacts the vertical structure of marine ecosystem thermal ranges, Nature Climate Change : https://doi.org/10.1038/s41558-022-01476-5

Contact

Yeray Santana-Falcón
Chercheur Météo-France au Centre national de recherches météorologiques (CNRM - CNRS / Météo-France)
Roland Séférian
Chercheur Météo-France au Centre national de recherches météorologiques (CNRM - CNRS / Météo-France)