Crowdfight : une plateforme collaborative pour aider les chercheurs et le chercheuses travaillant sur Covid-19

Biologie

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Plus de 45 000 scientifiques se sont inscrit.es sur la plateforme Crowdfight Covid-19 pour offrir leur temps et leurs compétences au profit de la lutte contre la pandémie de coronavirus. Mise en place par des scientifiques issu.es de plusieurs pays dont des chercheur.es du Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA-CBI), la plateforme Crowdfight Covid-19, afin de faire correspondre les demandes de chercheurs et chercheuses travaillant sur le coronavirus et les compétences de volontaires.

En mars 2020, la pandémie de coronavirus a provoqué la fermeture de laboratoires dans le monde entier et a contraint de nombreux et nombreuses scientifiques à interrompre leurs expériences et à rester confinés à leur domicile. Enfermés, incapables de poursuivre leurs propres projets de recherche et se sentant impuissants face à la situation, quelques scientifiques ont eu l’idée d’aider les chercheurs et les chercheuses ainsi que les médecins en première ligne de la pandémie.

En quelques jours seulement, ils ont développé Crowdfight Covid-19, une plateforme permettant à la communauté menant des recherches sur la Covid-19 de contacter des scientifiques de domaines variés et prêts à mettre à disposition leur temps et leurs compétences.

"Nous étions presque sûrs que ça ne fonctionnerait pas, mais nous avons quand même créé le site web", se souvient Alfonso Pérez-Escudero, chercheur en biologie computationnelle au CNRS à Toulouse, et l’un des responsables de l’initiative. "Mais nous avons pensé que si nous pouvions aider ne serait-ce qu’un.e seul.e chercheur.e, l’effort en vaudrait la peine", ajoute Sara Arganda, écologiste comportementale à l’université Rey Juan Carlos de Madrid, qui a également participé à la création de la plateforme.

Deux mois plus tard, la plateforme a résolu plus d’une centaine de demandes liées à la Covid-19 et près de 47 000 scientifiques se sont inscrit.es comme volontaires. Rapidement, l’équipe s’est élargie pour regrouper 14 membres principaux et environ 40 collaborateurs et collaboratrices, toutes et tous travaillant bénévolement.

Le principe de la plateforme Crowdfight Covid-19 est simple : toute personne travaillant sur la Covid-19 peut soumettre une requête. Les demandes peuvent être de toute nature, qu’il s’agisse de données cliniques et d’échantillons biologiques, de conseils techniques sur une méthodologie spécifique ou d’aide à la traduction de documents scientifiques et médicaux. L’équipe interne analyse chaque demande et, si elle la juge appropriée, la transmet à la liste de volontaires. Les coordinateurs et coordinatrices collectent et classent ensuite les réponses afin de décider de la meilleure façon pour satisfaire les demandeurs. Il peut s’agir de leur fournir les informations requises, de les mettre en contact avec des collaboratrices et collaborateurs pouvant les aider ou encore de constituer de petits groupes de volontaires pour effectuer des tâches spécifiques.

"Il est gratifiant de constater que certain.es chercheur.es sur la Covid-19 ont obtenu ce dont ils avaient besoin grâce à l’implication et l’investissement des volontaires", déclare María Hernández, une coordinatrice de Crowdfight Covid-19 et biotechnologue à l’Institut de recherche biomédicale de Salamanque (IBSAL).

"Dans certains cas, nous avons pu résoudre en quelques jours des demandes dont le traitement prendrait des mois en temps normal", explique Gonzalo Polavieja, collaborateur de la plateforme et neuroscientifique à la Fondation Champalimaud à Lisbonne.

Pour encore accroître l’efficacité de la plateforme, l’équipe développe actuellement un système d’intelligence artificielle pour identifier les personnes les plus appropriées pour traiter pour chaque tâche. Ce système s’inspire d’algorithmes de recommandation utilisés par de nombreuses plateformes de diffusion vidéo et devrait permettre aux coordinateurs de gagner du temps.

"Sur Netflix, chaque personne est associée aux films qu’elle pourrait aimer. Dans notre système, chaque demande sera associée à une liste restreinte de volontaires correspondants. En utilisant cette liste restreinte, les coordinateurs et les coordinatrices pourront identifier plus efficacement le meilleur ou la meilleure volontaire", explique Francisco J.H. Heras, chercheur à la Fondation Champalimaud et l’un des développeurs de l’intelligence artificielle.

Le projet a récemment obtenu un financement du programme "European Open Science Cloud", un programme de l’Union Européenne promouvant la science ouverte et l’accessibilité des résultats de la recherche à tous les niveaux de la société. Avec ces ressources financière, l’équipe espère maintenir la plateforme en activité au moins jusqu’à la fin de l’année.

Pour les nombreuses personnes à l’origine de l’initiative, l’expérience réussie de Crowdfight Covid-19 démontre qu’il existe un vaste potentiel pour améliorer la pratique de la recherche scientifique en la rendant plus ouverte et plus collaborative.

"Je pense que nous pourrons utiliser cette philosophie et cette méthodologie pour résoudre d’autres problèmes. J’imagine beaucoup d’autres actions collaboratives pour aborder des problématiques essentielles telles que le changement climatique ou la propagation de rumeurs et fausses nouvelles (fake news)", déclare Alberto Pascual-García, chercheur en biologie computationnelle à l’ETH Zurich et un coordinateur de Crowdfight Covid-19.

Source : plateforme Crowdfight

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