Deux chercheurs CNRS toulousains soutenus par le Conseil européen de la recherche

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Le Conseil européen de la recherche (ERC) vient de publier la liste des lauréats et lauréates des bourses Consolidators grants pour l’appel à propositions 2015, dans laquelle figurent deux chercheurs du CNRS. Benoît Pujol, au laboratoire Évolution et diversité biologique (EDB - CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier, IRD) et Cédric Févotte à l’Institut de recherche en informatique de Toulouse (IRIT - CNRS, Université Toulouse Capitole, Université Toulouse - Jean Jaurès, Université Toulouse III - Paul Sabatier, Toulouse INP) reçoivent un financement conséquent de l’Europe pour mener à bien leur projet de recherche. Benoît Pujol travaille sur le rôle de l’hérédité non génétique dans l’adaptation, notamment chez les plantes, tandis que Cédric Févotte vise à élaborer de nouveaux paradigmes de factorisation matricielle pour l’analyse de données.

Les bourses Consolidator Grant octroyées par le Conseil européen de la recherche (European Research Council - ERC) permettent à des chercheurs de consolider leur équipe de recherche et de développer des idées innovantes grâce à une bourse allant jusqu’à deux millions d’euros. Les candidats à une bourse ERC Consolidator Grant doivent avoir démontré leur potentiel d’indépendance dans leurs travaux et leur maturité scientifique. Cette année l’ERC a financé, à travers les bourses Consolidator, 302 projets de recherche pour un total de 585 millions d’euros.

Projet "ANGI" Valeur adaptative de l’hérédité non génétique - Benoit Pujol

S’adapter ou mourir, voilà le choix qui s’offre aux espèces qui ne peuvent pas fuir les contraintes environnementales qui sont toujours plus exigeantes dans un monde en mutation. A ce jour, c’est la diversité génétique qui est considérée comme garante de la capacité d’adaptation. Pourtant, lorsque des changements adaptatifs sont observés dans la nature, seulement un tiers de ces changements s’explique par une réponse de nature génétique. L’idée que la diversité génétique fournit seule les opportunités de réponses héritables qui permettent l’évolution des organismes est largement acceptée. Cependant, aujourd’hui, un tel raisonnement ne tient plus. L’hérédité non génétique (transmission sociale, héritage des conditions environnementales, hérédité épigénétique, etc.) existe. Mais quel est son rôle dans la nature ? Permet-elle de s’adapter aux contraintes environnementales ?

Le projet ANGI propose un programme de recherche qui devrait permettre de revisiter notre vision de l’hérédité et de son rôle dans l’adaptation. Ce projet s’appuiera sur un système de suivi de plantes sauvages (muflier ; Antirrhinum majus) unique au monde de par les informations qu’il fournira sur l’hérédité, la sélection naturelle et l’adaptation en milieu naturel. Il devrait contribuer à dévoiler si l’hérédité non génétique est une source de potentiel adaptatif pour les plantes sauvages.

Benoit Pujol
© Frédéric Magné

Après avoir obtenu un doctorat en sciences à l’Université de Montpellier, Benoit Pujol effectue un post-doctorat à l’université d’Oxford (Royaume Uni) avant d’intégrer le CNRS comme chargé de recherches. Il occupe cette fonction depuis 2009 au laboratoire Évolution et diversité biologique (EDB - CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier, IRD). Son principal thème de recherche est la capacité d’adaptation qu’il étudie à travers la loupe de la génétique quantitative évolutive.

Projet "FACTORY" Nouveaux paradigmes pour l’estimation de facteurs latents - Cédric Févotte

Pour analyser des données matricielles, c’est-à-dire qui peuvent être organisées et stockées dans un tableau, il est souvent nécessaire de les décomposer en deux sous-tableaux dits « facteurs ». Les approches existantes trouvent souvent leurs limitations dans l’utilisation d’hypothèses statistiques simplificatrices ou encore dans l’utilisation de pré-traitements des données. Cédric Févotte ambitionne de lever ces verrous dans le cadre de son projet FACTORY (New paradigms for latent factor estimation).

Le concept de décomposition ou « factorisation » matricielle est utile dans plusieurs contextes d’analyse de données. Une première application est la réduction de dimension, liée en particulier au contexte du Big Data, et qui consiste à faire ressortir des informations clés d’un tableau de très grandes dimensions, afin d’en faciliter la manipulation. Une autre application est l’interpolation, qui consiste à compléter un tableau « à trous ». Un fournisseur de vidéos à la demande peut par exemple utiliser ce type d’analyse pour recommander des films sur la base des notes données par les utilisateurs aux films qu’ils ont déjà vus. Enfin, la factorisation de matrices intervient souvent en séparation de sources. En traitement du signal audio par exemple, elle peut servir à la décomposition de spectrogrammes en contexte de restauration et remastering musical.

Cedric Fevotte

Après avoir obtenu sa thèse au sein de l’Institut de recherche en communications et cybernétique de Nantes et réalisé un post-doctorat à l’Université de Cambridge, Cédric Févotte devient chargé de recherche CNRS en 2007, affilié au Laboratoire traitement et communication de l'information à Paris puis au laboratoire Lagrange à Nice. Devenu directeur de recherche CNRS en 2015, il rejoindra cette année l’Institut de recherche en informatique de Toulouse (IRIT - CNRS, Université Toulouse Capitole, Université Toulouse - Jean Jaurès, Université Toulouse III - Paul Sabatier, Toulouse INP) pour y coordonner le projet FACTORY. Il travaille principalement sur le traitement statistique du signal et l'apprentissage automatique.

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