Deux chercheurs toulousains du CNRS lauréats à l’appel ERC Consolidator 2020

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Le Conseil européen de la recherche (ERC) a annoncé cette semaine les 327 lauréats et les lauréates des bourses Consolidator, qui soutiennent chaque année de nombreux projets de scientifiques en milieu de carrière. Parmi eux, Pierre-Marc Delaux, chercheur CNRS au Laboratoire de recherche en sciences végétales (LRSV – CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier) et Mathieu Lihoreau, chercheur CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale du Centre de biologie intégrative de Toulouse (CRCA/CBI - CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier) :

Projet "ORIGINS" : Origin and evolution of intracellular symbioses in plants

Les plantes actuelles sont capables d’héberger à l’intérieur même de leurs cellules des microorganismes, champignons et bactéries, qui facilitent leur croissance en fournissant nutriments, minéraux et eau puisé dans le sol et même dans l’air ! Par l’étude comparative de six espèces de plantes et cinq types de symbioses, le projet ORIGINS cherche à comprendre comment cette capacité symbiotique a évolué il y a plus de 400 million d’années. Des expériences alliant comparaison de génomes, génétique et biochimie permettront de résoudre cette question.

Pierre-Marc Delaux
©Coralie Barthelemy-Delaux

Pierre-Marc Delaux, a obtenu son doctorat en 2011 au Laboratoire de recherche en sciences végétales (LRSV - CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier). Suite à deux postdoctorats à l’université du Wisconsin – Madison (USA) puis au John Innes Center (Norwich, UK) il a rejoint le LRSV en tant que chargé de recherche CNRS en 2015. En 2019 il reçoit la médaille de bronze du CNRS et devient directeur de recherche en 2020. Sa recherche porte sur l’évolution des interactions entre les plantes, des mousses aux plantes à fleurs, et les microorganismes symbiotiques tels champignons et bactéries. A travers ses projets internationaux et très collaboratifs, soutenus par l’ANR, le CNRS, l’Université Toulouse III - Paul Sabatier et la fondation Bill & Melinda Gates, il cherche à suffisamment comprendre les symbioses pour pouvoir en créer de nouvelles par biologie synthétique, applicables pour une agriculture durable.

Projet BEE-MOVE : "How do bees move across the landscape and fashion plant reproduction? "

Avec ce projet, Mathieu Lihoreau et ses collaborateurs et collaboratrices biologistes, ingénieur.es, modélisateurs.rices et écologues vont étudier le déplacement des populations d’insectes pollinisateurs (abeilles et bourdons) en conditions naturelles pour mieux comprendre et prédire leur impact sur la reproduction des plantes. Ils vont développer un système radar pour enregistrer l’ensemble des mouvements de centaines d’insectes butinant sur plusieurs kilomètres. En couplant ce système à des « plantes » robotiques, les chercheurs vont étudier comment la structure du paysage et la qualité des ressources disponibles influencent le choix des pollinisateurs. Ces expériences, inédites à grande échelle, permettront de développer des modèles prédictifs de déplacements des pollinisateurs et des flux de pollens, qui seront testés sur des populations de plantes naturelles. Ces recherches fondamentales pourraient à terme être utilisées pour améliorer la pollinisation des cultures ou la conservation d’espèces de plantes ou d’abeilles en déclin, dans un contexte de crise environnementale généralisé.

Mathieu Lihoreau
© T. Gomez-Moracho

Mathieu Lihoreau est chargé de recherches CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale du Centre de biologie intégrative de Toulouse (CRCA/CBI - CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier). Depuis 15 ans, il développe des recherches sur la cognition des insectes avec un intérêt particulier pour les abeilles.

En 2020, le Conseil européen de la recherche (ERC) financera 327 chercheurs et chercheuses en Europe à travers ses "ERC Consolidator grants", pour un montant total de 655 millions d'euros tirés du programme cadre H2020.

Les bourses Consolidator, qui soutiennent le meilleur de la recherche exploratoire dans trois grands domaines – sciences humaines et sociales, physique et ingénierie et sciences de la vie – récompensent des porteurs et des porteuses de projets en Europe ayant obtenu leurs doctorats 7 à 12 ans auparavant. Les bourses Consolidator (jusqu’à 2,75 millions d’euros) se situent entre les bourses Starting (jusqu’à 2 millions d’euros) – 2 à 7 ans après le doctorat – et Advanced (jusqu’à 3,5 millions d’euros) qui visent les chercheurs et chercheuses confirmées. Elles sont attribuées une fois par an pour une durée de 5 ans à des scientifiques issus de tous les pays du monde, mais devant accomplir leurs travaux de recherche dans un pays européen ou associé.

Cette année, 37 % des bourses ont été accordées à des femmes chercheuses, la proportion la plus élevée depuis le début du programme Consolidator. Au total, 13 % des 2506 projets proposés ont été financés en 2020. Les lauréats et les lauréates réaliseront leurs projets dans des universités, des centres de recherche et des entreprises des 23 pays européens, notamment l'Allemagne (50 subventions), le Royaume-Uni (50), la France (34) et les Pays-Bas (29).