Entre humains et nature : la distance augmente

Résultats scientifiques Biologie

La population humaine vit de plus en plus éloignée de la nature et de nombreuses interactions avec elle sont en déclin à travers le monde. C’est ce que révèle une étude publiée dans la revue Frontiers in Ecology and the Environment par une équipe de recherche franco-allemande. L’étude met en évidence une distanciation grandissante entre nos lieux de vie et les espaces naturels et synthétise les connaissances actuelles sur l’évolution récente des interactions homme-nature. Les scientifiques appellent à une meilleure considération individuelle et institutionnelle de l’importance de ces interactions dans la protection de la biodiversité.

SETE
Les interactions directes ou indirectes avec la nature sont particulièrement importantes durant l’enfance.

© Gladys Barragan-Jason (CC-BY-4.0)

Un humain vit actuellement à une distance moyenne de 9,7 km d’une zone naturelle, soit 7 % plus loin qu’en 2000 d’après une étude publiée par des scientifiques de la Station d'écologie théorique et expérimentale1 et du Centre de recherche intégrative sur la biodiversité2 . C’est en Europe et dans l’Est de l’Asie que cette distance est la plus élevée avec par exemple 22 km en Allemagne et 16 km en France, et tous les autres pays du monde sont en train de suivre la même tendance. En effet, l’étude révèle que la destruction de zones naturelles combinée à une forte augmentation de la population urbaine mène à une distanciation grandissante entre humains et nature, notamment en Asie, Afrique et Amérique du Sud. D’après les chercheurs, cet éloignement pourrait être compensé par la présence d’espaces semi-naturels en ville, or ils montrent que la couverture forestière des villes a également baissé depuis l’année 2000, particulièrement en Afrique centrale et Asie du Sud-Est.

Cette séparation géographique croissante entre les humains et la nature signifie-t-elle pour autant que les humains interagissent de moins en moins avec la nature ? En analysant la littérature scientifique, les auteurs mettent en évidence plusieurs exemples d’un tel processus. Par exemple, des études suggèrent un déclin de la visite de parcs naturels aux Etats-Unis et au Japon, une diminution des activités de camping aux Etats-Unis, ou encore une baisse de la diversité des fleurs observées par les enfants japonais. Plusieurs études montrent que cette déconnexion se traduit également par une raréfaction des éléments naturels dans les romans, chansons, albums pour enfants ou encore dessins animés Walt Disney qui sont de moins en moins imprégnés d’imaginaires naturels.

  • 1SETE - CNRS
  • 2iDiv

Contact

Gladys Barragan-Jason
Chercheuse CNRS à la Station d'écologie théorique et expérimentale de Moulis (SETE - CNRS)
Victor Cazalis
Chercheur post-doctorant au Centre de recherche intégrative sur la biodiversité (iDiv)
Catherine Clerc
Correspondant communication - Station d'Ecologie Théorique et Expérimentale (SETE - CNRS)