HEATR3 : un chaperon (pour globule) rouge

Résultats scientifiques Biologie

L'anémie de Diamond-Blackfan est une maladie rare caractérisée par un défaut de production des globules rouges. Dans un article paru dans la revue Blood, un groupe de scientifiques, composé notamment de chercheuses et chercheurs toulousain·es, a mis en lumière une nouvelle forme de la maladie liée à la perte de fonction du gène HEATR3 dont le produit chaperonne la synthèse et l'assemblage d'une protéine ribosomique.

O'Donohue & Gleizes
© Pierre-Emmanuel Gleizes

L'anémie de Diamond-Blackfan (ADB) est une maladie génétique rare qui touche environ 1 nouveau-né sur 200 000. Cette pathologie se traduit généralement par le développement d’une anémie sévère dans les trois premiers mois après la naissance due à une forte diminution des progéniteurs érythroïdes, les cellules qui vont se différencier en globules rouges. Cette maladie a été associée à la mutation de différents gènes codant des protéines ribosomiques qui, associés avec des ARN, structurent les ribosomes, "usines" de synthèse des protéines. La maladie s'observe dès qu'un allèle du gène sur les deux porte la mutation (hétérozygotie) et le déficit quantitatif (haploinsuffisance) en protéines ribosomiques qui en résulte altère la formation et la fonction des ribosomes, ce qui fait de l'ADB un archétype de "ribosomopathie".

Le ribosome étant une machinerie ubiquitaire dans l'organisme, comment expliquer l'altération spécifique de l'érythropoïèse dans l'ADB ? Il a été montré qu'une baisse du nombre de ribosomes pouvait entraîner un défaut ciblé de synthèse et de stabilité du facteur de transcription GATA-1, qui joue un rôle clé pour la différenciation des globules rouges. De plus, l'altération de la formation des ribosomes entraîne un stress pour les cellules (stress ribosomique) et déclenche l'activation de la protéine suppresseur de tumeur p53, dont l'action inhibitrice sur la prolifération pourrait également interférer avec l'érythropoïèse.

Contact

Marie-Françoise O'Donohue
Directrice de recherche CNRS dans l'Unité de biologie moléculaire, cellulaire et du développement du Centre de biologie intégrative de Toulouse (MCD/CBI - CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier)