Impact du changement climatique sur le niveau des nappes d'eau souterraines en 2100

Résultats scientifiques Terre & Univers

Seules 30 % des réserves d’eau douce de la planète sont accessibles, les 70 % restant sont sous forme de glace dans les glaciers. Cette eau douce exploitable est principalement constituée d’eaux souterraines contenues dans les aquifères (29 %), loin devant les eaux de surfaces (1 %) formant les rivières, les lacs, ou les zones humides. Comprendre l’impact du changement climatique à venir sur les eaux souterraines est donc essentiel pour améliorer les plans d'adaptation de la gestion de la ressource en eau à l’échelle mondiale. Dans une nouvelle étude réalisée par le Centre national de recherches météorologiques1 , une équipe de scientifiques a analysé, selon l'évolution climatique à l’horizon 2100, l’évolution du niveau des nappes souterraines dans les 218 principaux bassins aquifères non-confinés du monde, en suivant les derniers scénarios de changement climatique utilisés par le GIEC. 

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Changements simulés de la profondeur des nappes d’eau souterraines (en %) entre la période historique (1985-2014) et la fin du 21ème siècle (2071-2100) dans le scénario SSP370 mis en place pour le 6e rapport du GIEC.
© Cf Référence

Cette étude a été réalisée avec les deux modèles2   de climat du CNRM (CNRM-CM6-1 et CNRM-ESM2-1), capables de représenter les rétroactions entre le climat, le changement d’utilisation des terres et les processus liés aux eaux souterraines, mais pas les prélèvements anthropiques. Selon le scénario considéré, ces modèles simulent une hausse du niveau des nappes d’eau souterraines à la fin du 21ème siècle sur 33 % à 42 % des régions couvertes3  par les principaux bassins aquifères du monde, et une baisse du niveau de ces nappes sur 26 % à 37 % de ces régions. Ces estimations sont ensuite croisées avec des projections de densité de population afin de tenir compte des possibles effets liés aux prélèvements d’eau par les activités humaines. [...]

  • 1CNRM - (CNRS / Météo-France)
  • 2Les deux modèles permettent une représentation des processus hydrogéologiques impliquant les eaux souterraines, y compris les échanges d'eau avec les rivières et le sol non saturé, les flux latéraux d'eau souterraine et les interactions avec l'atmosphère. La prise en compte des deux modèles permet d’avoir un plus grand nombre de membres à analyser. Ces membres constituent des ensembles qui permettent d'étudier la variabilité interne du climat et donc de fournir une meilleure évaluation la réponse des modèles à l'évolution des forçages climatiques.
  • 3La Russie et le Canada qui sont peu peuplés et qui couvrent une zone très large, expliquent entre autres le décalage entre le % de zones avec une augmentation du niveau des nappes et le % de population impactée

Contact

Maya Costantini
Doctorante au Centre national de recherches météorologiques (CNRM)
Jeanne Colin
Chercheuse à Météo-France
Bertrand Decharme
Chercheur CNRS au Centre national de recherches météorologiques (CNRM)
Simon Leveque
Chargé de communication - attaché de presse CNRS Occitanie Ouest