Le panache de l’incendie de Notre-Dame suivi à la trace

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Les particules plombées issues du panache de l’incendie de Notre-Dame ont été identifiées à 16 km à l’ouest de Paris. Cette étude en collaboration avec l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a été publiée dans ACS Earth and Space Chemistry. Des scientifiques de laboratoire CNRS ont traqué et caractérisé la signature géochimique du panache, montrant que la contamination est supérieure aux niveaux de plomb actuel atmosphérique, mais est peu intense comparée à celle qui existait avant les années 90 en raison de l’utilisation de l’essence plombée. Ces travaux ont été menés en grande partie dans des unités de recherche toulousaines1 .

LEFE
Exemple d’une particule chargée en plomb collectée par le réseau OPERA-IRSN sur le filtre du Vésinet du 15 avril au 16 Avril 2019.

© Thierry Aigouy, GET/OMP

L’incendie de Notre-Dame en avril 2019 a eu un retentissement médiatique international du fait de l’ampleur de la catastrophe, des dégâts et du courage des pompiers pour les limiter. Le CNRS s’est fortement impliqué dans l’étude de l’édifice à travers un programme de recherches interdisciplinaires : le chantier scientifique de Notre-Dame. Dans le cadre de ce programme et avec l’aide de l’IRSN, une équipe scientifique a identifié les particules plombées issues du panache de l’incendie de Notre-Dame sur le site de l’IRSN situé au Vésinet, à 16 km à l’ouest de Notre-Dame.

Pour piéger les aérosols, l’équipe a profité du réseau OPERA dédié à la surveillance des radionucléides dans l’air2 . Le préleveur situé sur le campus IRSN du Vésinet possède la particularité de délivrer un filtre par jour (soit 12.000 m3 filtrés). Une modélisation atmosphérique a permis d’identifier différents sites qui auraient pu « voir » le panache dont Le Vésinet. La traque au Vésinet s’est avérée fructueuse et les chercheurs ont pu mettre en évidence une hausse de la concentration en plomb le jour de l’incendie de l’ordre de 1 µg/m3 c’est-à-dire 100 fois plus qu’habituellement.

Si cette concentration est relativement importante par rapport aux concentrations normalement trouvées actuellement dans l’air en France, elle est similaire à celles rencontrées dans l’air des années 90 lorsque l’essence plombée était utilisée pour les véhicules. Une analyse au microscope électronique à balayage a confirmé la présence de particules d’oxyde de plomb de taille de l’ordre du micromètre, démontrant les hautes températures atteintes par l’incendie. Les autres filtres situés plus à l’ouest et au nord du territoire français ne montrent pas d’augmentation significative des concentrations en plomb.

  • 1Laboratoire d’écologie fonctionnelle et environnement (LEFE - CNRS, INPT, UT3) ; laboratoire Géosciences environnement Toulouse (GET/OMP - CNRS, CNES, IRD, UT3) ; laboratoire Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (TRACES - CNRS, Ministère de la Culture, UT2J)
  • 2Le réseau Opera-Air (irsn.fr) : https://www.irsn.fr/fr/larecherche/outils-scientifiques/installations-moyens-experimentaux/opera/Pages/reseau-Opera-Air.aspx#.Y8q43UGZNhE

Bibliographie

Lead from Notre-Dame Fire Plume Caught 15 km from Paris, Gaël Le Roux, Olivier Masson, Christophe Cloquet, Marie-José Tavella, Magali Beguin-Leprieur, Olivier Saunier, David Baqué, Thierry Camboulive, Julien Berger, Thierry Aigouy, Françoise Maube, Sandrine Baron, Sophie Ayrault, and Maxime L’Héritier. ACS Earth and Space Chemistry
DOI : 10.1021/acsearthspacechem.2c00321

Contact

Gaël Le Roux
Directeur de recherche CNRS au Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement (CNRS, INPT, UT3)
Franck Vidal
Correspondant communication au laboratoire Géographie de l'Environnement (GEODE – CNRS/UT2J)