Modification du rayonnement solaire (SRM) : une étude réfute l'idée d’une mesure temporaire de courte durée

Résultats scientifiques Terre & Univers

L'objectif de limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C issu de l'accord de Paris de 2015 semble de plus en plus hors de portée. Des études suggèrent que la modification du rayonnement solaire (SRM) pourrait freiner temporairement l'augmentation de la température globale jusqu'à ce que les niveaux de gaz à effet de serre aient été réduits. SRM est un type de géoingénierie qui vise à réduire la température planétaire en modifiant le bilan radiatif du système terrestre. Les méthodes proposées comprennent l'injection d'aérosols stratosphériques, l'amincissement des cirrus et l'éclaircissement des nuages marins. SRM n'agit pas sur les causes du changement climatique et ne remplace donc pas l’atténuation ainsi que la capture et le stockage du carbone atmosphérique (CDR). Une nouvelle étude portée par le laboratoire Climat, environnement, couplages et incertitudes1  (CECI) et parue dans la revue Earth System Dynamics analyse la durée d'un tel déploiement temporaire.

CECI
Configuration conceptuelle de gain de temps avec la gestion du rayonnement solaire.

© Susanne Baur (esquissée à l'origine par J. Shepherd en 2009)

Dans cette étude, les scientifiques s'intéressent à la durée de déploiement nécessaire du SRM s'il était utilisé pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Ils examinent 355 trajectoires tirées du dernier rapport du GIEC, qui sont conformes aux ambitions nationales en matière de politique climatique à l'horizon 2030, et les extrapolent jusqu'en 2500. Ils constatent qu'il existe un large éventail de durées possibles de déploiement du SRM pour les scénarios qui commencent à des niveaux d'émission similaires en 2030 (de 0 à >470 ans). Dans la plupart des scénarios, le déploiement durerait de 150-300 ans. Les incertitudes liées aux trajectoires d’atténuation, aux progrès techniques sur le CDR et à la réponse climatique suggèrent qu’il est impossible de prédire à l'avance la durée de déploiement du SRM. L'étude réfute donc l'idée que le SRM serait une mesure temporaire de courte durée et montre que tout déploiement de SRM risquerait d'être un engagement de plusieurs siècles, avec des coûts, risques et effets secondaires liés, non seulement au SRM, mais aussi au CDR.

CECI
Durée de déploiement du SRM pour les 355 scénarios et tous les membres du modèle climatique. NDC = Contributions déterminées au niveau national.

© Modifiée de Baur et al., 2023
  • 1Tutelles : CERFACS, CNRS

Bibliographie

The deployment length of solar radiation modification: an interplay of mitigation, net-negative emissions and climate uncertainty, Susanne Baur, Alexander Nauels, Zebedee Nicholls, Benjamin M. Sanderson, Carl-Friedrich Schleussner.

Earth System Dynamics, 2023.

DOI :
https://doi.org/10.5194/esd-14-367-2023

Contact

Susanne Baur
Doctorante CERFACS au laboiratoire Climat, environnement, couplages et incertitudes (CECI - CERFACS, CNRS)
Simon Leveque
Chargé de communication - attaché de presse CNRS Occitanie Ouest