Un “filet de pêche” pour piéger les cellules tumorales circulantes

Innovation Ingénierie

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Un filet de pêche miniature pour piéger et compter les cellules cancéreuses dans le sang... L’idée paraissait naïve, pourtant Aline Cerf l’a fait. Après huit ans de R&D en lien notamment avec l’Institut universitaire du cancer de Toulouse, la chercheuse en micro-nanotechnologies au Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS-CNRS) fabrique ses microépuisettes de manière industrielle. La start-up SmartCatch, fondée spécialement pour la diffusion du dispositif médical, devrait commercialiser un premier produit à destination de la recherche fin 2020.

Dès son arrivée au CNRS en 2012, fraîchement recrutée au Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS-CNRS), la jeune femme utilise les techniques de micro nanotechnologies qui permettent de fabriquer des objets en 3D à l’échelle microscopique. "Au LAAS-CNRS j’ai notamment travaillé sur l’écriture directe par laser, ou lithographie bi-photon, qui permet de structurer la matière en dessinant un objet à une échelle minuscule grâce à un faisceau laser, explique Aline Cerf. Or, j’avais envie d’utiliser les micro-nanotechnologies pour créer une application utile au domaine de l’oncologie, une mission qui me tient à cœur pour des raisons personnelles”.

De l’idée au dépôt de brevet…
La scientifique, en collaboration avec Christophe Vieu, professeur à l’INSA de Toulouse et chercheur dans le même laboratoire, pense alors à créer une épuisette microscopique, qui permettrait d’aller “pêcher" les cellules tumorales circulantes (CTC) dans le sang d’un.e patient.e atteint.e de cancer. L’objectif de cette méthode, non invasive car sans interaction biochimique comme c’est le cas avec d’autres techniques qui utilisent des anticorps, est de connaître la densité précise des CTC afin d’évaluer l’efficacité ou non d’un traitement. Aline Cerf développe l’idée en coopération avec Bernard Malavaud, urologue à l’Institut universitaire du cancer de Toulouse, et Sylvain Sanson, alors interne en médecine aujourd’hui urologue à l’uropôle de Montauban. Devant le potentiel du projet, la Mission pour les initiatives transverses et interdisciplinaires du CNRS (MITI) accorde deux financements en 2013 et 2014 qui permettent à Aline Cerf de développer une preuve de concept. Cette dernière rend possible en 2015 le dépôt d’un brevet et l’obtention d’une bourse « Jeune chercheur.e » de l’Agence nationale de la recherche pour quatre ans.

… jusqu’à l’industrialisation du procédé
Grâce à l’ANR, nous avons recruté de brillant.es doctorant.es qui ont contribué à porter le projet bien au-delà de nos attentes, raconte Aline Cerf. J’ai senti que nous détenions une innovation clef, mais qui nécessitait encore une phase de développement importante sur la partie clinique et les aspects réglementaires. Pour garder la main et porter le projet dans la bonne direction, nous avons donc créé la start-up SmartCatch”. Le procédé de fabrication des micro filets de pêche, qui reposait au départ sur la lithographie 3D, a depuis été industrialisé et permet aujourd’hui de fabriquer plusieurs centaines de dispositifs en une seule fois. Finalement, la chercheuse prévoit une commercialisation fin 2020 pour des applications in vitro dans le monde de la recherche, et d’ici deux à trois ans après certifications, une utilisation extra corporelle dans les établissements de santé. Pour atteindre ces objectifs, SmartCatch ambitionne de lever 2 M€ d’ici le mois de juin 2020.

Fleur Olagnier
Journaliste scientifique

Contact

Aline Cerf
chercheuse CNRS au Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes (LAAS-CNRS)

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