Une prestigieuse bourse européenne décernée au directeur d’un laboratoire toulousain

Communiqué de presse Écologie & environnement

Suite à un long processus de sélection, l’European Research Council (ERC) vient d’annoncer les vingt-neuf projets lauréats des bourses Synergy 2022, qui financent des recherches internationales de premier ordre sur une durée de six ans, à hauteur de dix millions d’euros. Ludovic Orlando, directeur de recherche CNRS au Centre d’anthropobiologie et de génomique de Toulouse1 fait partie des porteurs du projet Horse Power, qui vise à interroger la place du cheval dans le développement des sociétés asiatiques, sur une période de plus de 2000 ans. À ses côtés figurent trois scientifiques également porteurs du projet, issus des universités d'Oxford, de Bonn et du British Muséum.

CAGT
Portrait de Ludovic Orlando

© DRFP

La fin du troisième siècle avant notre ère a vu la naissance de deux grandes puissances en Asie. Côté steppes, au cœur d'un territoire qui s'étend au-delà des frontières actuelles de la Mongolie, l'empire Xiongnu établit son pouvoir sur la maîtrise inégalée du cheval pour donner naissance au premier véritable empire nomade des steppes. Côté Chine, la dynastie Qin sut unifier le pays pour la première fois en fondant les bases d'un Etat sédentaire et particulièrement organisé, dont l'armée de Qin Shi Huang et ses huit mille soldats de terre cuite nous donne, aujourd'hui encore, toute la mesure de sa puissance.

Le projet Horse Power vise à comprendre les fondements de ces deux grandes puissances, qui ont servi de modèle d'organisation du pouvoir et des sociétés en Asie jusqu'à aujourd'hui. Le cheval occupait une place centrale au cœur de ce dispositif. Il était l'allié naturel des habitants des steppes et de leurs immenses étendues, mais il représentait aussi un instrument de guerre redoutable auquel rien ne semblait plus pouvoir résister. Comment les Xiongnu ont-ils su exploiter le cheval pour construire leur empire ? Comment la dynastie Qin, qui manquait quant à elle cruellement de chevaux mais disposait de métaux précieux à foison, a-t-elle pu néanmoins bâtir sa cavalerie pour défendre son territoire ? Les métaux servaient-ils de monnaie d'échange contre les chevaux ? Et comment le cheval, désormais vital à ces économies a-t-il à son tour modifié les croyances, l'art et le rapport à la mort de celles et ceux qui peuplaient ces territoires ?

C'est en mobilisant des experts internationaux basés à Toulouse, Oxford, Bonn et au British Museum que le projet Horse Power apportera des réponses à toutes ces questions. Ensemble, ils mèneront de nombreuses fouilles archéologiques dans ces régions et s'intéresseront aussi bien aux génomes des chevaux qui vivaient à ces époques, qu'à leur mobilité et leurs caractéristiques physiques, ou qu'à la composition des objets en Bronze qui circulaient dans ces territoires. Côté français, le projet s'organisera autour de Ludovic Orlando et du Centre d'anthropobiologie et de génomique de Toulouse pour percer à jour les mystères inscrits dans les molécules d'ADN préservées dans les squelettes de chevaux anciens.

Ludovic Orlando a fondé le Centre d'anthropobiologie et de génomique de Toulouse, qu'il dirige depuis janvier 2020. Sa carrière s’est notamment centrée sur le séquençage des molécules d'ADN préservées dans les restes fossiles. Il a été le premier à séquencer un génome vieux de plus d'un demi-million d'années et à reconstruire, au-delà des génomes, des épigénomes anciens. Il est l'auteur de plus de deux cents publications scientifiques et est reconnu par la communauté scientifique internationale pour avoir découvert le berceau de la domestication des chevaux.

  • 1CAGT – CNRS / UT3

Contact

Ludovic Orlando
Directeur de recherche CNRS au Centre d’anthropobiologie et de génomique de Toulouse (CAGT - CNRS / UT3)
Simon Leveque
Chargé de communication - attaché de presse CNRS Occitanie Ouest